Recherche documentaire sur la TRACABILITE DES VETEMENTS DANS L’INDUSTRIE DU TEXTILE

Envoyé par le 14 Nov 2022

This entry is part 1 of 3 in the series Coton Waté

Auteurs :

Moya APIA
Hoang DUONG
Tanguy de LANVERSIN

 

MOTS CLES

Traçabilité
connaître l’origine et suivre le parcours d’un produit

Recyclage
récupérer des vieilleries et de
les réintroduire, après traitement, dans le cycle de production

1. Quel est le problème ?

Remonter une filière jusqu’au producteur de matières premières est devenu mission presque impossible dans l’industrie du textile. De sous-traitants en sous-traitants, la confection de nos vêtements emprunte bien trop souvent des filières opaques et destructrices tant d’un point de vue sanitaire qu’environnemental. Aussi, avec le fléau de la contrefaçon, nombre de vêtements présents sur le marché de consommation sont à forte constitution chimique, remettant ainsi en cause la sécurité sanitaire des consommateurs. Face à cela, les consommateurs deviennent de plus en plus regardants sur l’origine et les conditions de fabrication de leurs vêtements, développant ainsi des méfiances à l’égard de certaines marques. Près de 2 Français sur 3 (65%) affirment aujourd’hui que l’engagement des marques et des entreprises en matière de développement durable constitue un critère de choix important au moment de leurs achats mode /habillement”, selon une enquête IPSOS publiée en 2019 [1].

À ce jour, la traçabilité des vêtements présente un enjeu majeur tant pour les consommateurs soucieux de leur bien-être, que pour les marques désireuses de maintenir un climat de confiance avec leur clientèle. Pour rassurer les consommateurs quant à la fiabilité des produits, les marques telles que H&M utilisent l’outil de traçabilité Textile Genesis [2] et bien d’autres dont nous parlerons dans la suite.

H &M (TEXTILE GENIS)

– By Amit Gautam, Founder & CEO,  TextileGenesis, Avril 2022

Le groupe H&M est à la pointe de la traçabilité dans l’industrie de la mode et nous a continuellement mis au défi de fournir une traçabilité à grande échelle. Notre ambition commune de suivre plusieurs centaines de millions d’unités, de la fibre à la vente au détail, marque une étape importante. Elle permet à l’ensemble du secteur de progresser dans la réalisation d’une traçabilité évolutive de la chaîne d’approvisionnement.

2. Recherche documentaire

Face au problème de traçabilité des vêtements, de nombreuses techniques sont utilisés par les acteurs de l’industrie du textile, en particulier les marques de vêtements afin de répondre à ce besoin. Nous en présenterons quelques-unes dans cette partie.

PRODUCTION DE VÊTEMENTS

Plusieurs techniques existent aujourd’hui pour répondre à ce besoin. Certaines marques choisissent de produire elles-mêmes leurs vêtements à partir de matériaux soigneusement sélectionnés par des experts, c’est le cas de la marque mARIANNE by Marie Jordane, une marque française de prêt à porter écoresponsable pour femme, qui privilégie les matériaux en coton. Cette méthode, bien que très pratique, ne garantit pas aux consommateurs l’authenticité des produits utilisés. En plus de cela, elle génère des coûts supplémentaires de production. [3]

ETIQUETTE TRADITIONNELLE

À côté de cela, nous avons aussi l’étiquette traditionnelle, qui s’est modernisée au fil des années, avec l’essor des technologies de la 3e révolution. En effet, le monde des vêtements est passé des étiquettes habituelles, souvent écrites en 10 langues, donnant uniquement le lieu de fabrication des vêtements, à un nouveau modèle qui fournit aussi la composition des habits, grâce à l’ajout de code QR sur l’étiquette [4]. Cette innovation connaît cependant une limite au niveau de la durabilité des codes QR et de la surface d’impression. Dans certains cas, les codes sont imprimés sur un papier spécifique qui sera probablement retiré après l’achat. Dans les cas où l’impression est faite directement sur le vêtement, le code risque d’être illisible au bout de quelques lavages.

BLOCKCHAIN

La blockchain est une autre solution au problème de traçabilité des vêtements. Une application de cette technologie, réalisée par l’entreprise Tilkal, consiste à faire intégrer par le fabricant les informations concernant les vêtements dans un logiciel que l’utilisateur pourra récupérer via le scanne d’un code-barres. L’utilisation de cet outil est bien souvent difficile, car les informations proviennent de plusieurs sources.

BIOMARQUEUR

Provenant de légumes ou fabriqués de façon artificielle, cette technique a été mise en place par Michela Puddu, directrice générale de Haelixa. Elle consiste à intégrer des biomarqueurs sur les tissus dès leur conception. En effet, un biomarqueur enfermé dans une nanosphères de 1/10.000 mm de diamètre est pulvérisé sur le tissu dès la sortie de la fabrication jusqu’aux revendeurs. Ainsi, ces biomarqueurs constituent un ADN artificiel qu’il est possible de lire pour retracer les vêtements.

Biomarqueur : Caractéristique biologique mesurable liée à un processus normal ou non et utilisé dans le domaine de la médecine. lien vers la vidéo de Haelixa : Haelixa-Our values

 

3. Discussion du problème initial

Notre intérêt initial était sur la seconde vie des vêtements, en particulier sur le fait que les vêtements sans étiquettes ne peuvent pas être recyclés (utilisés pour faire d’autres matériaux). En effet, les étiquettes des vêtements nous informent sur les origines et la composition des vêtements, bien que ces informations soient insuffisantes, il est impossible de savoir comment transformer les vêtements sans celles-ci.

La transformation des vêtements ne constitue pas un problème majeur car  peu de vêtements sont transformés en matériaux dans la seconde vie, la plupart sont revendus ou offerts. En effet, sur 210.000 tonnes de produits usagés collectés chaque année en France, 59,4% est retourné dans les boutiques, 31,8% est transformé en chiffons… et seulement 7.5% est transformé en combustible solide et matériaux [5]. Au vu de ces chiffres, il est flagrant que la seconde vie d’un vêtement est, dans la
majorité des cas, la remise de celui-ci sur le marché de consommation. Aujourd’hui de plus en plus de personnes s’intéressent à l’origine des vêtements qu’ils achètent. Vu l’importance des origines de vêtements, nous avons décidé de nous réorienter sur la question de la traçabilité des vêtements.

4. Premières hypothèses

Face au problème de la traçabilité des vêtements, nous avons formulé certaines hypothèses dans le bus comprendre les causes fondamentales du problème et évaluer les pistes de solutions. Nos hypothèses sont les suivantes :

  • Plusieurs acteurs sont liés à la composition des vêtements, ce qui cause le manque de traçabilité.
  • Révéler toutes les informations sur les vêtements peut compromettre les marques et les usines de fabrication.
  • L’utilisation de plusieurs types de matériaux différents lors de la fabrication des vêtements, peut rendre difficile le fait de les mettre à disposition.
  • Les informations sur les vêtements peuvent être incompréhensibles pour les consommateurs, à cause des termes techniques et scientifique, qu’on ne peut pas remplacer.
  • Les solutions de traçabilité existante ne sont pas durables, elle ne permettre qu’une traçabilité partielle des vêtements.
  • Les étiquettes sont difficiles à lire et à comprendre à cause de la taille de la police (souvent très petite).
  • Peu de domaine cherche à trouver des solutions, dans le domaine des vêtements.
  • Les solutions de traçabilités génèrent des coûts supplémentaires.
  • Pour un consommateur, connaitre la traçabilité des vêtements, n’est important que lors de l’achat.
  • Une bonne solution de traçabilité doit pouvoir se passer de l’intervention des marques et usines de production.
  • La technologie constitue une meilleure approche, pour répondre à cette question.

 

5. Mot de fin

En tant que des acteurs, du monde technologique, nous souhaitons mettre en avant la puissance des outils de la troisième révolution industrielle, en vue de répondre efficacement à la question de la traçabilité des vêtements. Ainsi, nous voulons tirer profit d’une technologie existante, la RFID, pour garantir une traçabilité la plus fine et précise possible. Les étiquettes RFID ont déjà été adoptées par de nombreuses marques (Décathlon et Wallmart..), leur permettant d’améliorer au quotidien la gestion des stocks et de réduire considérablement le nombre de vols dans leurs magasins. Nous voulons étendre ces cas d’usage à une garantie d’authenticité pour le consommateur et à une possibilité de remonter toute la filière de production du vêtement acheté. Aussi permettre aux marques et acteurs de l’industrie du textile de rassurer leur clientèle sur la provenance des produits.

La recherche documentaire et les entretiens que nous avons réalisés ont révélé de manière indiscutable l’enjeu que représente la traçabilité des vêtements. Mais il est aussi ressorti que cette thématique est très vaste, et de ce fait assez complexe à traiter. Au vu de cela, nous avons réorienté notre étude sur une autre problématique, à savoir : Comment automatiser la gestion des stocks de vêtements au sein d’un magasin ? Cette interrogation qui est désormais l’objet de notre travail, est d’une grande importante pour les surfaces de vente de vêtement, d’autant que la plupart ont recours à des méthodes peu pratiques. En effet, dans certains magasins comme décathlon, les employés doivent scanner manuellement les étiquettes des vêtements afin de les enregistrer. C’est donc dans le but d’améliorer ce processus que nous portons notre intérêt sur la gestion des stocks en magasin.

 

Références bibliographiques :

[1] Faustine Ducreu & Doan-Anh Pham, «les français et la mode durable», IPSOS, 1 оctobre 2019 : consulté l’article 

[2] Merel Krebbers & Amit Gautam «H&M Group expands partnership with TextileGenesis», H&M Group, 29 Avril, 2022 : consulté l’article

[3] Marie Jordane, «mARIANNE by Marie Jordane », Marques de France : consulté l’article

[4] «L’étiquette de traçabilité pour le textile, à quoi sert-elle ?», Footbridge : consulté l’article

[5] Nicole Buyse, «Fripes, chiffons, combustibles : ce que deviennent les textiles», Les Echos,  23 juin 2017  : consulté l’article

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