Green Morsel – État de l’art – Compost dans les appartements

Envoyé par le 6 Oct 2024

État de l’art du projet : Green Morsel

par Mathieu BOSSART, Ethan GOIRAND, Romain LETELLIER, Abner RODRIGUES, Sheryle TOURE

I. Présentation du problème

A. Contexte général

La production de déchets alimentaires a atteint des proportions alarmantes, avec près de 8,8 millions de tonnes de déchets produits chaque année en France. Ce qui représente 129 kg par personne et par an. Parmi ces déchets, 66 kg sont non comestibles, tandis que 63 kg représentent des aliments encore consommables[1]. Cette gestion inefficace de nos ressources alimentaires contribue directement à la pollution des sols, de l’eau et de l’air. Face à cette situation, il devient essentiel de repenser nos habitudes de consommation et de mieux gérer nos déchets afin de réduire notre empreinte écologique.

Il y a ainsi deux types de pollution associés à la problématique de l’excès des déchets alimentaires: d’une part, la surproduction alimentaire, qui est en partie liée au gaspillage ; et d’autre part, la production inévitable de déchets alimentaires, même en l’absence de gaspillage. 

Le compostage s’est imposé comme une solution écologique pour valoriser les déchets organiques. En plus de limiter la pollution liée au transport, aux émissions de gaz dans les décharges et aux fumées d’incinération, il encourage la biodiversité locale sans nécessiter de produits chimiques. Cependant, cette pratique, courante en zones rurales, rencontre des difficultés en milieu urbain. Les contraintes d’espace, les nuisances olfactives et les coûts associés à son entretien freinent son développement dans les villes. La question reste donc de savoir comment rendre le compostage plus accessible et pratique pour les citadins.

B. Acteurs concernés et interactions observées

Le tableau ci-dessous présente les principales parties prenantes impliquées dans la problématique du compostage en milieu urbain, ainsi que leurs caractéristiques :

Les acteurs Leurs caractéristiques
Les citoyens et les ménages vivant en ville
  • Une motivation variable vis à vis du compostage des déchets alimentaires
  • Leur milieu de vie influe sur leur capacité à composter leurs déchets
Les collectivités locales (municipalité et métropole)
  • Responsable de la gestion des déchets 
  • Mise en place d’infrastructures pour le compostage en ville
  • Promotion de l’éducation environnementale
Les organisations non-gouvernementales (ONG)
  • Initiatives pour réduire le gaspillage alimentaire, promouvoir le compostage et le recyclage des déchets
  • Collaboration avec les municipalités
Les entreprises de gestion des déchets
  • Chargées de la collecte et du traitement des déchets
  • Besoin de rentabilité tout en répondant aux exigences écologiques
  • Possèdent de la connaissance sur les enjeux de l’acheminement du compost
Les startups innovantes en matière de recyclage et de compostage des déchets
  • Offrent des solutions de compostage adaptées aux environnements urbains
  • Innovation technologiques pour faciliter le compostage
  • Sont ouverts au dialogue tant qu’il ne s’agit pas d’espionnage industriel
Les producteurs de déchets en masse (agriculteurs, restaurateurs, etc.)
  • Peuvent représenter plusieurs ménages pour chaque service à eux seuls
  • Ont une incentive à moins polluer (bilan RSE etc.)
  • Quantité de déchets variable en fonction des passants
  • Veulent limiter leurs pertes en cas d’échec commercial

Les citoyens, avec des niveaux de motivation variables, dépendent des infrastructures mises en place par les collectivités locales, qui jouent un rôle crucial dans la gestion des déchets et la sensibilisation. Les ONG collaborent souvent avec les municipalités pour promouvoir le compostage, tandis que les entreprises de gestion des déchets et les startups innovantes apportent des solutions technologiques adaptées aux contraintes urbaines. Enfin, les producteurs de déchets en masse, comme les restaurateurs, sont motivés par la réduction de leur empreinte écologique et peuvent influencer la demande de services de compostage.

II. Écosystème visé

Pour définir l’écosystème du projet de compostage en milieu urbain, nous avons effectué une analyse PESTEL (Politiques, économiques, sociaux, technologiques, environnementaux et légaux) détaillée. Le tableau ci-dessous présente les différents volets de cette analyse et les problématiques associées à chacun d’eux.

Analyse PESTEL du projet : Green Morsel

A. Politique

Pression Écologique et les Objectifs de Réduction des Déchets

Sous la pression écologique croissante, les gouvernements se sont engagés à réduire drastiquement les volumes de déchets incinérés, visant notamment à limiter le volume global des déchets à 2 tonnes par habitant d’ici 2050. Parallèlement, les politiques locales et nationales sont influencées par les engagements internationaux, tels que les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, qui encouragent une gestion durable des ressources. En particulier, l’ODD 12 appelle à une réduction significative du gaspillage alimentaire tout au long des chaînes de production et de consommation.

La Réglementation en France au niveau national

En France, plusieurs lois ont été promulguées ces dernières années afin de réduire et de mieux gérer nos déchets. La loi Garot, adoptée en 2016, a marqué une étape importante dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Elle oblige les grandes surfaces à faire don de leurs invendus alimentaires à des associations caritatives et interdit la destruction volontaire de denrées encore consommables [2]. Plus récemment, la loi de février 2020 contre le gaspillage et pour l’économie circulaire (AGEC) [3] a étendu ces efforts à l’ensemble des déchets ménagers. Elle impose notamment à tous les foyers de disposer d’une solution de tri à la source pour les biodéchets dès le 1er janvier 2024. Cela inclut la mise en place de « bio-seaux » dédiés qui seront collectés par des camions spécifiques pour acheminer ces déchets vers des installations de compostage ou de méthanisation.

Cependant, des obstacles persistent, notamment dans les zones urbaines où l’installation de composteurs partagés ou individuels se heurte souvent à des restrictions d’espace, une mauvaise utilisation des installations par les citoyens ou encore par une mauvaise application de la loi initiale. En effet, selon plusieurs associations dont Zero Waste France et France Nature Environnement, la loi AGEC de 2020 a échoué à atteindre ses objectifs de réduction des déchets [4]. Les associations critiquent un lobbying industriel intense, un manque de contrôles et de sanctions, ainsi que des moyens insuffisants pour faire appliquer la loi. Par exemple, un décret de 2023 a permis 29 exemptions à l’interdiction d’emballage plastique pour certains légumes, ce qui remet en cause l’efficacité de la loi [5].

Les Initiatives locales : le cas de la métropole de Brest

La métropole de Brest a mis en place plusieurs initiatives pour améliorer la gestion des déchets sur son territoire dans une démarche globale visant à répondre aux nouvelles réglementations nationales. Ces informations nous ont été fournies par un employé de la métropole travaillant dans la gestion des déchets chez les professionnels.

La métropole a déployé trois approches complémentaires pour encourager le compostage et la valorisation des biodéchets :

  1. Composteurs individuels : Des composteurs sont proposés à un prix très avantageux, presque gratuitement, aux habitants résidant en maison. Cette initiative vise à promouvoir le compostage domestique et à réduire la quantité de déchets organiques dans les ordures ménagères. [6]
  2. Abri-bacs : De nouvelles poubelles, appelées abri-bacs, ont été installées dans la ville. Ces conteneurs spéciaux sont collectés deux fois par semaine et leur contenu est acheminé vers des centres de méthanisation pour être valorisé. [7]
  3. Aires de compostage collectif : Plus de 200 aires de compostage collectif ont été mises en place à travers la métropole, offrant une solution de proximité pour les habitants, particulièrement ceux vivant en appartement. [8]

D. Technologique

Le marché du compost est influencé par diverses technologies qui visent à optimiser le processus de décomposition et à améliorer la qualité des produits finaux. Les différentes méthodes de compostage, telles que le lombricompostage, le compostage aérobie ou encore les composteurs à tambour, ne représentent pas une menace directe pour le marché du compost, mais elles influencent les préférences des consommateurs. Le lombricompostage, par exemple, qui utilise des vers pour accélérer la décomposition des matières organiques, est particulièrement populaire en extérieur car il permet de produire du terreau plus rapidement tout en étant respectueux de l’environnement.

De plus, les innovations technologiques dans le domaine du compostage sont nombreuses. Par exemple, des composteurs intelligents équipés de capteurs IoT permettent de surveiller en temps réel la température, l’humidité et l’aération du compost. Ces données sont cruciales pour garantir un processus de décomposition optimal et réduire les risques de fermentation ou de mauvaise gestion des déchets organiques. Ce type de technologie pourrait se démocratiser dans les zones urbaines, facilitant le compostage même dans les espaces réduits. Nous avons déjà quelques exemples sur le marché.

 

Composteur de cuisine[9] Composteur en appartement[10]

 

Une autre innovation potentielle pour le marché est le développement de plateformes d’échange de compost. Ces plateformes permettraient aux particuliers et aux entreprises de vendre ou d’échanger leurs surplus de compost ou de terreau, créant ainsi une économie circulaire à l’échelle locale. De telles initiatives offriraient non seulement un débouché économique pour les producteurs de compost, mais inciteraient également davantage de citadins à se lancer dans cette pratique en leur donnant une finalité tangible à la gestion de leurs déchets organiques.

Enfin, les innovations en matière de biotechnologie jouent également un rôle clé dans le traitement des déchets organiques. Des enzymes et des micro-organismes spécifiques sont développés pour accélérer la décomposition des déchets et améliorer la qualité des composts produits. Ces avancées permettent de réduire le temps de compostage tout en garantissant un terreau plus riche et plus fertile, augmentant ainsi l’attrait pour ces technologies auprès des utilisateurs, qu’ils soient particuliers ou entreprises.

Ces technologies offrent donc des opportunités de marché significatives en répondant à la demande croissante pour des solutions durables. Cependant, elles comportent aussi des défis, tels que les coûts initiaux élevés des composteurs technologiques ou les régulations strictes entourant la vente de certains sous-produits comme les eaux souillées.

C. Sociologique

Les pratiques de compostage des Français

En France, les ménages représentent une source significative de déchets alimentaires, étant responsables de près de 46 % de la production totale, selon une étude du ministère de l’Agriculture publiée en 2022. Cette étude révèle que sur les 4,1 millions de tonnes de déchets alimentaires générés par les ménages, une grande partie (59 %) est constituée de déchets non comestibles, tels que les épluchures, les os et les coquilles d’œufs. Environ 1,7 million de tonnes de déchets, considérés comme gaspillage alimentaire, incluent 1,3 million de tonnes de restes de repas et 0,3 million de tonnes de produits encore emballés. Malheureusement, seulement 13,5 % de ces déchets sont compostés, que ce soit à domicile ou par le biais de systèmes de compostage partagé. [11]

Une forte disparité entre le milieu rural et le milieu urbain

Bien que plus de 4 Français sur 10 déclarent pratiquer le compostage, cette pratique est plus répandue chez les habitants des zones rurales que chez ceux des zones urbaines [11]. En effet, près de 90 % des personnes qui compostent le font dans leur jardin, ce qui témoigne d’une forte disparité entre les modes de vie citadins et ruraux. Selon une enquête de 2020 réalisée par OpinionWay pour l’ADEME, seulement 34 % des Français affirment traiter leurs restes alimentaires par le compostage. [12]

Les obstacles au compostage en milieu urbain

Plusieurs raisons expliquent la faible adoption du compostage chez les citadins. Une série de documents issus d’une étude identifie ces obstacles. NB : Réalisée en 2020, cette étude [11]  pourrait voir ses chiffres évoluer avec la législation actuelle.Figure 2 : Étude sur les raisons du non-compostage chez les citoyens

Le document souligne que les principaux obstacles au compostage sont le manque d’espace et d’initiatives locales. Cependant, ces chiffres, datant de 2020, sont à nuancer en 2024, où les initiatives publiques se sont largement renforcées.Figure 3 : Étude sur l’information donné aux français

Le dernier document fait écho aux informations recueillies lors d’une interview avec un employé de la métropole de Brest. Ce dernier souligne que les citoyens utilisent souvent mal les composteurs collectifs en jetant des déchets non compostables comme la viande, ce qui pose plusieurs problèmes tels que l’apparition de nuisibles comme les rats. Cette mauvaise utilisation rend selon lui, nécessaire une maintenance accrue des composteurs.

B. Économique

La transition vers une économie circulaire et la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux incitent de plus en plus de consommateurs et d’entreprises à explorer des solutions de compostage. Cette tendance offre un potentiel considérable pour transformer les déchets organiques en ressources précieuses, tout en soutenant des pratiques durables.

Tendance vers l’économie circulaire

L’économie circulaire est un modèle économique qui vise à réduire le gaspillage et à optimiser l’utilisation des ressources. Le compostage s’inscrit parfaitement dans cette dynamique en valorisant les biodéchets pour enrichir le sol et réduire l’impact environnemental. [13]

Retour sur investissement (ROI)

  • Argument marketing : L’eau souillée produite lors de la fermentation du compost peut devenir un atout marketing.

Émergence de startups

Plusieurs startups se lancent dans ce secteur de niche, développant des solutions comme des broyeurs pour réduire la taille du compost et des systèmes de collecte d’eaux souillées. Certaines entreprises intègrent des designs esthétiques pour rendre les solutions de compostage plus attrayantes, favorisant ainsi leur adoption. Par exemple, la startup Ceercle propose des composteurs fabriqués en terre cuite [14]. Cette dernière utilise la technique du lombricompostage pour décomposer les aliments domestiques. Nous avons identifié une autre entreprise nommée Greenzy qui propose à la vente des composteurs design et haut de gamme. [15]

  • Innovations sur le marché : Plusieurs startups se lancent dans ce secteur de niche, développant des solutions comme des broyeurs pour réduire la taille du compost et des systèmes de collecte d’eaux souillées.
  • Esthétique et fonctionnalité : Certaines entreprises intègrent des designs esthétiques pour rendre les solutions de compostage plus attrayantes, favorisant ainsi leur adoption. [16]

Coûts des composteurs

Le coût des composteurs reste relativement élevé, en raison des matériaux coûteux et du faible volume de ventes. Ce coût initial peut représenter un obstacle, en particulier pour les ménages à revenu modeste, limitant ainsi l’adoption généralisée.

Les prix des composteurs sont très variables en fonction des techniques employées pour décomposer les aliments et du niveau de finition du produit. Pour avoir un ordre d’idée du prix, l’entrée de gamme de Ceercle est proposée au tarif de 159€ tandis que les produits de Greenzy sont affichés à près de 1000€.

 Technologies avancées

  • Capteurs et coûts supplémentaires : L’intégration de capteurs pour mesurer en temps réel l’état du compost augmente les coûts. Bien que ces technologies puissent améliorer l’efficacité, elles complexifient la viabilité économique des solutions.

Opportunités de marché

  • Création de nouveaux modèles économiques : Le développement de plateformes en ligne pour partager et revendre du compost pourrait stimuler la demande.
  • Soutien gouvernemental : Des subventions et des incitations fiscales pour l’achat de composteurs pourraient encourager davantage de citoyens à adopter le compostage.
  • Marché du compost de qualité : Avec l’essor de l’agriculture durable, le compost de qualité pourrait devenir une ressource précieuse, justifiant des prix plus élevés.
  • Éducation et sensibilisation : Investir dans des campagnes de sensibilisation pourrait accroître l’adoption du compostage et élargir le marché.
  • Innovation technologique : L’intégration de composteurs intelligents offrant des données en temps réel pourrait améliorer l’efficacité et l’attrait du compostage.

En conclusion, l’économie circulaire et les pratiques de compostage représentent non seulement une réponse aux enjeux environnementaux actuels, mais également une opportunité économique à ne pas négliger. En développant des solutions innovantes et en surmontant les obstacles existants, le marché du compost peut se transformer en un secteur dynamique et lucratif, bénéficiant à la fois aux particuliers et à la planète.

E. Environnemental

La prise de conscience écologique mondiale continue d’alimenter une demande croissante pour des solutions durables, dont le compostage fait partie intégrante. Cette tendance est largement motivée par les préoccupations relatives à la gestion des déchets, la réduction de l’empreinte carbone et la lutte contre le changement climatique. 

Réduction des émissions de gaz à effet de serre

Les décharges, en décomposant les déchets organiques, produisent du méthane, qui est 25 fois plus nocif que le CO2 pour le réchauffement climatique. L’augmentation du compostage, notamment au niveau domestique ou municipal, représente une solution immédiate pour limiter ces émissions. Par exemple, des villes comme San Francisco et Paris ont adopté des politiques de compostage obligatoires pour les déchets alimentaires, contribuant à réduire considérablement les déchets mis en décharge. [17]

Amélioration de la qualité des sols

Le compost est un amendement organique qui améliore la qualité des sols en augmentant leur capacité à retenir l’eau, réduisant ainsi l’érosion et l’épuisement des nutriments. En France, l’usage du compost est de plus en plus encouragé dans l’agriculture biologique, où il constitue une solution naturelle et durable face à la dégradation des sols liée à l’utilisation intensive d’engrais chimiques et à la monoculture. L’apport de matière organique par le compost favorise également la biodiversité microbienne dans les sols, ce qui est crucial pour maintenir des écosystèmes agricoles sains.

Réponse aux changements climatiques

Le compostage a un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique en capturant et stockant du carbone dans le sol. Ce processus, appelé séquestration du carbone, aide à absorber le CO2 de l’atmosphère [18]. De plus, en favorisant des pratiques de compostage à grande échelle, nous pouvons réduire la demande pour des intrants énergivores comme les engrais synthétiques, qui nécessitent des processus de fabrication à forte intensité énergétique et contribuent à la déforestation et à l’appauvrissement des sols.

Problèmes environnementaux liés au compostage

Cependant, le compostage à grande échelle présente également des défis environnementaux, notamment la gestion des lixiviats, qui peuvent polluer les eaux souterraines s’ils ne sont pas correctement contrôlés. Les installations de compostage doivent être bien gérées pour éviter les nuisances telles que les mauvaises odeurs ou la prolifération de nuisibles, comme les rongeurs et les insectes. Des technologies plus avancées, comme les composteurs intelligents ou les systèmes de contrôle des émissions, commencent à être adoptées pour surmonter ces obstacles.

Potentiel de régénération des zones urbaines

Dans un contexte urbain, le compostage peut également jouer un rôle central dans la revitalisation des espaces verts. Plusieurs villes, à travers des projets de compostage collectif, encouragent la réutilisation des déchets alimentaires pour enrichir les sols urbains et soutenir des initiatives de jardinage communautaire. Cela contribue non seulement à réduire la pression sur les systèmes d’élimination des déchets, mais aussi à promouvoir une meilleure résilience environnementale dans les villes.

En somme, le compostage permet de détourner une quantité significative de déchets organiques des décharges, où leur décomposition génère des émissions de méthane, un gaz à effet de serre extrêmement puissant. En transformant ces déchets en matière organique réutilisable pour l’agriculture et le jardinage, le compostage offre une alternative écologique en réduisant les besoins en engrais chimiques et en contribuant à l’amélioration de la santé des sols.

F. Légal

Depuis le 1er janvier 2024, le tri des biodéchets est devenu obligatoire pour tous les particuliers et professionnels en France, conformément à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire du 10 février 2020 [19]. Cette loi impose à chaque ménage de disposer d’une solution de collecte des restes alimentaires afin de valoriser les biodéchets. Les appartements, tout comme les maisons, sont concernés par cette obligation de tri à la source, rendant cette mesure applicable à l’ensemble de la population. [20].

Les collectivités locales ont la responsabilité de mettre à disposition des citoyens les moyens nécessaires pour le tri à la source des biodéchets [19]. Cela inclut la mise en place de systèmes de collecte séparée des biodéchets, qui peuvent être compostés sur place ou via une filière de valorisation externe. Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions administratives et financières [20]

En cas de non-respect des consignes pour le tri des déchets organiques, une amende forfaitaire de 35 euros peut être appliquée, majorée à 75 euros en cas de récidive [20]. Les copropriétés doivent également se conformer à ces réglementations, en mettant en place un système de collecte et en désignant un référent « compostage » [21].

 L’arrivée de nouvelles réglementations concernant la gestion des déchets alimentaires joue donc un rôle déterminant dans l’évolution du marché. Cette approche pourrait, d’une part, encourager les particuliers à participer activement à la valorisation des déchets en compostant chez eux, ou d’autre part, inciter à une gestion centralisée par la municipalité pour optimiser la production d’énergie renouvelable à partir de la méthanisation des déchets.

Les entreprises du secteur doivent également prendre en compte ces évolutions législatives, car elles pourront être amenées à mettre en place des dispositifs de compostage au sein de leurs locaux, renforçant ainsi leur responsabilité sociétale. Les normes de qualité pour le compost, définies par des règlements tels que la norme NF U 44-051, garantissent que le compost produit respecte des critères de sécurité et de qualité, ce qui est essentiel pour sa valorisation en agriculture. [22]

III. Impact de l’étude sur notre problème initial

Au cours de notre étude, nous avons rencontré un dilemme concernant le choix des personas à privilégier. Nous avons identifié trois groupes clés :

  • Les restaurateurs
  • Les collectivités et les gestionnaires de logistique
  • Les citadins, qui manifestent un véritable intérêt pour le compostage

Après une analyse approfondie, notre choix s’est porté sur les citadins. Nous avons constaté que les problématiques rencontrées par les collectivités et les gestionnaires de logistique étaient déjà bien établies et mieux rodées, tandis que les défis auxquels font face les restaurateurs nous ont paru trop complexes à traiter dans le cadre de notre étude. En effet, le nombre de repas servis en restauration et ceux préparés à domicile étant équivalents, il est difficile d’imposer des dispositifs de compostage sans une volonté claire de la part des restaurateurs et des gestionnaires.

De plus, nos entretiens avec des restaurateurs ont révélé qu’ils n’avaient pas d’incitation à mettre en œuvre des pratiques de compostage, sauf si cela était accompagné d’une incitation commerciale tangible. Cette incitation pourrait prendre la forme d’une valorisation réelle du compost, mais cette option semble limitée et nécessiterait un travail considérable pour établir un modèle économique viable, surtout en milieu urbain. Nous pensons qu’il serait plus approprié que l’État intervienne, par exemple, en proposant des réductions de charges pour les établissements qui compostent, si l’État estime que cela représente une solution viable. Cependant, il convient de noter qu’un flou juridique plane encore sur ce sujet.

En conclusion, nous avons décidé de nous concentrer sur les ménages. Ce choix est renforcé par le fait que ce marché est déjà établi et présente un potentiel non exploité, ainsi que des opportunités d’innovation. Nous nous sommes également interrogés sur les raisons pour lesquelles le compost de qualité est souvent perçu comme cher, ce qui pourrait être une piste d’exploration pour nos recherches futures.

IV. Bibliographie

[1] Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, « Les déchets alimentaires en France et dans l’Union européenne en 2021 », [En ligne]. Disponible : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/les-dechets-alimentaires-en-france-et-dans-lunion-europeenne-en-2021?rubrique=&dossier=1028250. [Accédé : 06-oct-2024].

[2] Légifrance, « Loi n° 2021-1484 du 15 octobre 2021 portant lutte contre le gaspillage et économie circulaire », [En ligne]. Disponible : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000032036289/ . [Accédé : 06-oct-2024].

[3] Place du Pro, « Tri des biodéchets : exigences et solutions », [En ligne]. Disponible : https://www.placedupro.com/articles/2310/tri-des-biodechets-exigences-et-solutions-. [Accédé : 06-oct-2024].

[4] Zero Waste France, « Évaluation de la loi AGEC : quel bilan pour la réduction des déchets ? », [En ligne]. Disponible : https://www.zerowastefrance.org/publication/evaluation-de-la-loi-agec-quel-bilan-pour-la-reduction-des-dechets/. [Accédé : 06-oct-2024].

[5] Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, « Interdiction du plastique à usage unique », [En ligne]. Disponible : https://www.economie.gouv.fr/cedef/interdiction-plastique-usage-unique. [Accédé : 06-oct-2024].

[6] Ville de Brest, « Demander un composteur », [En ligne]. Disponible : https://brest.fr/gerer-mon-quotidien/dechets/demander-un-composteur#:~:text=Le%20compostage%20individuel%20permet%20de,composteurs%20adapt%C3%A9s%20%C3%A0%20vos%20besoins. [Accédé : 06-oct-2024].

[7] Ouest-France, « 400 abris-bacs pour le tri des biodéchets vont être installés dans la métropole brestoise d’ici 2025 », [En ligne]. Disponible : https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/400-abris-bacs-pour-le-tri-des-biodechets-vont-etre-installes-dans-la-metropole-brestoise-dici-2025-9c581e1a-89e0-11ee-a92a-0b4bc05f91ae. [Accédé : 06-oct-2024].

[8] Ville de Brest, « Déchets alimentaires : un atout au menu », [En ligne]. Disponible : https://brest.fr/dechets-alimentaires-un-atout-au-menu. [Accédé : 06-oct-2024].

[9] CEER, « Composteur de cuisine », [En ligne]. Disponible : https://ceercle.eu/boutique/composteur-de-cuisine/?_gl=1*3c7ttu*_up*MQ..&gclid=Cj0KCQj. [Accédé : 06-oct-2024].

[10] Greenzy, « Le produit », [En ligne]. Disponible : https://greenzy.eu/le-produit/. [Accédé : 06-oct-2024].

[11] SPHERE, « Étude compostage : Rapport National 2020 », [En ligne]. Disponible : https://www.sphere.eu/wp-content/uploads/2020/09/SPHERE-OpinionWay-Etude_compostage-Rapport-National-2020.pdf. [Accédé : 06-oct-2024].

[12] Annonces Landaises, « Biodechets : place au tri à la source », [En ligne]. Disponible : https://www.annonces-landaises.com/actualites/biodechets-place-au-tri-a-la-source/. [Accédé : 06-oct-2024].

[13] Circulab, « Composting: a key to circular economy », [En ligne]. Disponible : https://circulab.com/fr/composting-a-key-to-circular-economy-2/#:~:text=Focus%20sur%20le%20compostage,%26%20d%C3%A9cryptage%20des%20solutions. [Accédé : 06-oct-2024].

[14] Ceercle, « Composteur design d’intérieur comme extérieur », [En ligne]. Disponible : https://ceercle.eu/ [Accédé : 24-oct-2024]

[15] Greenzy, « Composteurs design d’intérieur comme extérieur – Ceercle », [En ligne]. Disponible : https://greenzy.eu/?lang=fr%2F [Accédé : 24-oct-2024]

[16] Place du Pro, « Des innovations pour traiter les biodéchets », [En ligne]. Disponible : https://www.placedupro.com/articles/2402/des-innovations-pour-traiter-les-biodechets#:~:text=D%C3%A9couvrez%20comment%20exposer%20vos%20produits%20sur%20notre. [Accédé : 06-oct-2024].

[17] MerciSF, « San Francisco : la pionnière du compostage urbain exporte ses méthodes en France », [En ligne]. Disponible : https://mercisf.com/fr/2024/01/18/san-francisco-la-pionniere-du-compostage-urbain-exporte-ses-methodes-en-france/#:~:text=San%20Francisco%20a%20adopt%C3%A9%20une,de%20recyclage%20et%20de%20compostage.&text=outils%20pour%20les%20b%C3%A2timents%20commerciaux. [Accédé : 06-oct-2024].

[18] Zero Waste France, « Compost : améliorer la séquestration du carbone dans les sols non cultivés », [En ligne]. Disponible : https://www.zerowastefrance.org/compost-ameliorer-sequestration-carbone-sols-non-cultives/. [Accédé : 06-oct-2024].

[19] Composteur Citizen, « Compostage obligatoire », [En ligne]. Disponible : https://composteurcitizen.fr/compostage-obligatoire/#:~:text=Depuis%20le%201er%20janvier,pouvoir%20trier%20leurs%20d%C3%A9chets. [Accédé : 06-oct-2024].

[20] Syndic One, « Le compostage en copropriété : obligatoire », [En ligne]. Disponible : https://www.syndic-one.com/blog/lois-et-reglementation/le-compostage-en-copropriete-obligatoire/#:~:text=La%20loi%20ne%20limite,du%20tri%20%C3%A0%20la. [Accédé : 06-oct-2024].

[21] Cotoit, « Compostage obligatoire en copropriété », [En ligne]. Disponible : https://www.cotoit.fr/blog/compostage-obligatoire-copropriete/#:~:text=Dans%20le%20cadre%20de,anti%2Dgaspillage%20pour%20une%20%C3%A9conomie. [Accédé : 06-oct-2024].

[22] Inovalys, « Compost et amendements organiques selon la norme NF U44-051 », [En ligne]. Disponible : https://www.inovalys.fr/analyses/environnement/matieres-fertilisantes-et-support-de-cultures-mfsc/composts-amendements-organiques-selon-la-norme-nf-u44-051-statut-produit. [Accédé : 06-oct-2024].

[23] EconomieGouv, « Tri à la source des biodéchets : une nouvelle obligation, de nombreuses solutions | Ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation Ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques Ministère du Logement et de la Rénovation urbaine », [En ligne]. Disponible : https://www.ecologie.gouv.fr/biodechets [Accédé : 24-oct-2024]

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